Introduction

Le Musée de la Photographie, crée par Tristan Bréville en 1966, relève d’une folie qu’on pourrait peut-être qualifier de ‘furieuse’ car personne ne songeait, à l’époque, à sauver un patrimoine laissé à l’abandon ou aux mains des pilleurs de patrimoine.

Et c’est de cette faiblesse collective que Tristan Bréville a puisé sa force pour mieux appréhender une société en

devenir se préparant à l’Indépendance de mars 1968. L’Image photographique mauricienne avait alors 127 ans d’âge ayant été très bien servi par ses disciples mauriciens aux noms prestigieux mais oubliés: LEGER, CHAMBAY, LECORGNE, MOCO, DRENNING, RAMBERT, LES GENTIL, LES HALBWACHS, KWONG PAK YIN, CYRIL YA CHIN…

Oubliés, certes, mais l’oubli n’est qu’une faiblesse de génération qui oublie très souvent la jeunesse des héros de la veille. Il fallait ce lieu de mémoire, ce sépulture de souvenirs, ce Musée en guise d’un éloge, “l’éloge de l’oubli” comme disait Jean-Luc Monterosso.

Mais, hélas, personne n’y croyait vraiment, pris qu’on fut, dans ce tourbillon de développement à haut risque. Chacun avait son album de famille jalousement mais égoïstement préservé dans le psyché des souvenirs. Et la politique s’assurait par attaché-presse interposé qu’elle était bien en vue. Un point c’est tout, le point n’ayant été jamais fait sur la vraie photographie mauricienne.

Il faut savoir que l’île Maurice fit ses premières photos en février 1840, soit quatre mois seulement après que la France ait acheté le brevet de Jacques Daguerre pour ‘doter le monde d’une des plus belles inventions…’En 1839 on ne parlait pas encore de ‘photo’ mais de ‘daguerréotype’ ce dernier n’étant qu’une reproduction miniature parfaite de tout ce qu’on peut voir, le support étant une plaque de cuivre patiemment polie à la main et recouverte d’une couche d’émulsion photo-sensible.